Monday, February 2, 2009

Blond Ambition - 04’14’’ - 2008

Cette vidéo se compose de quatre parties.

1. La première partie représente l’histoire et l’expérience contradictoire, selon moi,
d’être « japonaise ».
J’utilise principalement la voix de mon amie Satomi Seki (89 ans à l’époque), qui parle,
en anglais, sa première langue, de l’expérience qu’ont vécue ses parents, de la bombe atomique tombée sur Hiroshima.
Cette voix est chevauchée par une piste appelée « Japonais pour les voyageurs » (de Nood,
un duo Norvégien d’électronique expérimentale). Cette piste est utilisée tout au long du film.
Ces images ont été prises à Maui, dans « Bon dance », le cimetière japonais américain
construit dans les années 50. Elles montrent la tradition bouddhiste qui consiste à organiser
des festivals de danse dans les temples, à la mémoire des personnes qui sont parties.

La vidéo comprend également un portrait de mes parents et moi, coiffée d’une perruque blonde.
je me suis filmée en saturant les couleurs, allongée, coiffée d’une perruque blonde et maquillée,
pour évoquer un aspect de la vision de l'Ouest sur le Japon : les femmes et le sexe.
Ces images sont utilisées tout au long du film.


2. Seconde partie : 50 ans après la 2ème guerre mondiale, la bulle économique a éclaté ;
beaucoup de personnes ont teint leurs cheveux au moment où les compagnies venant de l’Ouest ouvraient leurs portes.
Le Japon était considéré comme appartenant au tiers-monde jusqu’en 1962.
Les japonais ont émigré pour des raisons économiques, en grande partie aux Etats Unis, au Brésil,
au Pérou et à Hawaii.
Après la 2ème guerre mondiale, la reconstruction du Japon a été remarquable et dès la fin
des années 80 et jusqu’au milieu des années 90, il était considéré comme l’un des plus riches pays du monde.
Lors de l'éclatement de la bulle économique, des sociétés occidentales (principalement américaines) ont ouvert leurs succursales au Japon et notre structure économique traditionnelle
s’est transformée, passant du Capitalisme au Libéralisme.

La deuxième partie du film tente de répondre à la question :
"Qu'est-ce que le Japon, quelle réalité recouvre l’adjectif  japonais ? »
J'ai essayé de situer cette partie dans le contexte d'un moment précis de l’histoire du Japon :
la période suivant l’éclatement de la bulle économique et ce qui s'est passé avant cela,
entre le début du 20ème siècle et 1976.

Le son est un extrait d'une interview que j'ai réalisée auprès de groupes d'âge divers de «Japonais», vivant à Maui.
Les réponses sont en japonais et en anglais. Les gens parlent de la terre, de la mémoire,
de la famille, des racines, des comportements japonais, des attitudes et … des impôts.
J'ai pensé qu'il était intéressant d'intégrer cette évocation du paiement des taxes :
cela montre que l'économie est un facteur important dans la construction de l'identité.

Pour la partie visuelle, j’ai choisi principalement des images dans les albums-photo
de mes deux grands-mères et de ma mère. Je tente de suivre leurs traces, car elles sont
mes racines.
Je les mélange à quelques images que j'ai tournées à Tokyo.

Au début de la séquence « perruque», j'essaie de me faire ressembler à une femme de race blanche pour montrer que les temps changent.
C’est à l'opposé de la tradition des images d'un album de famille.

Je tente d’installer une confrontation entre ces images.

Peu à peu, à nouveau visuellement, je deviens une femme japonaise qui tient à sa perruque
et choisit de la garder et non de l’enlever.


3. Honeydew melon ?
Aux États-Unis, on appelle parfois certains Afro-américains « Oreo » (*), noir à
l'extérieur et blanc à l'intérieur.
De la même manière, j’utilise "honedew melon" (**) afin d’exprimer comment je ressens
ce que je suis.

Dans la troisième partie, j’explore le sentiment de se sentir soi-même japonais,
la distance entre les sentiments qui déterminent le fait d’être japonais et les sentiments personnels.
Que nous nous sentions japonais ou pas est déterminé par les des différences culturelles auxquelles nous sommes confrontés.
Les enregistrements ont également été effectués sur Maui par des «japonais».
Dans la partie visuelle je tente de retrouver mon enfance.


4. Happy Girls
Ce titre est extrait d'un entretien avec Satomi Seki, dans lequel elle me décrit l’époque des années 1950. Elle a reçu à ce moment-là 25 jeunes filles japonaises au temple de New York,
afin d’obtenir un traitement pour les survivants de la bombe atomique.
Elle m'a dit que c’étaient des jeunes filles heureuses.
Cette séquence combine le son des rires de Satomi, de ma soeur et le mien.
Les images sont simplement associées à des rires durant toute la séquence.





(*) du nom de biscuits très populaires aux Etats Unis, composés d’une couche de crème blanche entre deux couches de biscuit noir.
(**) honeydew melon, sont une variété de melon à écorce jaune et chair blanc/vert.

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